lundi 23 mars 2009

La gastronomie française : patrimoine culturel immatériel de l’humanité ?


Il y a un an naissait la Mission Française du Patrimoine et des Cultures Alimentaires dont l’un des objets est de permettre l’inscription par l’UNESCO de la gastronomie française sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Dans le cadre de cette démarche, il s’est tenu un colloque le jeudi 19 mars 2009 au Sénat sur le thème de « La gastronomie : un patrimoine culturel vivant », qui réunit de manière transversal historiens, sociologues, ex ambassadeurs, membres de l’UNESCO….Le but est d’échanger afin de se donner les meilleures chances de succès, cerner un angle d’approche pertinent en précisant le champ de la demande d’inscription, afin que celle-ci soit en phase avec l’esprit et la lettre de la Convention. 4 tables rondes animaient la journée :
- La gastronomie, un bien culturel
- La gastronomie, un patrimoine vivant
- La gastronomie : actions plurielles
- La gastronomie : communautés, identités, territoires.

La démarche a de quoi étonner le monde entier ! Pourquoi la France a-t-elle besoin de classer sa gastronomie dans le patrimoine immatériel de l’humanité alors qu’elle est reconnue comme une capitale gastronomique mondiale ?

Convaincus que l’art de bien manger et de bien boire est un acte culturel, social, politique, une manière de s’inscrire dans le monde, une façon de définir son identité, la Mission Française du Patrimoine et des Cultures Alimentaires a souhaité dès sa création affirmer la nécessité d’agir en faveur de la reconnaissance de la cuisine en général et de rappeler qu’elle est un élément essentiel du patrimoine et de l’identité des hommes.

Or, ce qui est vrai pour la France l’est également pour les communautés et peuples de par le monde qui estiment que les manières de table, les savoirs faire culinaires, les traditions gastronomiques sont des éléments constitutifs de leur patrimoine et de leur culture. Pourtant, à ce jour, aucune cuisine n’a été jugée digne de figurer au panthéon des savoirs universels. La France estime qu’il est temps de se lancer, persuadé que l’initiative française peut ouvrir la voie à une reconnaissance légitime. C’est dans cet esprit que le 23 février 2008, lors du salon international de l’agriculture à Paris, le président français avait annoncé sa volonté de voir la France déposer un dossier de candidature auprès de l’UNESCO.

La mission que préside Jean Robert Pitte –président de géographie, membre de l’académie des sciences morales et politiques –entend par conséquent œuvrer dans ce sens avec le soutien des pouvoirs publics (Etat, régions, départements, villes…), des filières agricoles et des entreprises du secteur privé.

La convention du patrimoine culturel immatériel était adoptée par l’UNESCO le 17 octobre 2003, ratifiée par le France en 2006, et mise en application depuis novembre 2008. Ceci veut dire qu’il s’agit d’une convention « jeune », sans beaucoup de recul ni d’expertise. Son article 2 donne la définition suivante « …on entend par patrimoine culturel immatériel les pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire – ainsi que les instruments, objets, artefacts et espaces culturels qui leur sont associés – que les communautés, les groupes, et, le cas échéant, les individus reconnaissent comme faisant partie de leur patrimoine culturel. Ce patrimoine culturel immatériel, transmis de génération en génération, est recrée en permanence par les communautés et groupes en fonction de leur milieu, de leur interaction avec la nature et de leur histoire, et leur procure un sentiment d’identité et de continuité, contribuant ainsi à promouvoir le respect de la diversité culturelle et créative humaine… ».

Les débats de la journée étaient très riches. Le terme gastronomie était jugé trop restrictif. Certains préféraient parler de pratiques culinaires. De même, comment concilier dans le dossier le luxe et le raffinement de la cuisine parisienne avec la simplicité des cuisines du terroir. Tous étaient d’accords sur trois points : pas de leçon à donner au monde, pas de centralisme sur le plan géographique, pas d’élitisme au niveau social.

La suite du calendrier du dépôt de candidature est la suivante :
Avril 2009, remise du pré-dossier au ministère de la Culture pour la phase de validation
www.unesco.org/culturel/ich/

31 août 2009, dépôt du dossier auprès de l’UNESCO. Des éléments complémentaires peuvent être demandés jusqu’au 31 décembre 2009 – phase de recevabilité.

Janvier 2010, réception des candidatures 2009.

Jusqu’en mai 2010, examen des candidatures par l’organe subsidiaire. La candidature française sera analysée par les membres représentant 24 états.

Automne 2010, annonce des éléments inscrits sur la liste représentative du Patrimoine Culturel Immatériel.

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